LE SEIGNEUR DEO VAN TAI  1916 - 1954                   HEROS MARTYR DE DIÊN BIÊN PHU

Ce mausolée voulu par leur unique fils, Son Excellence DEO VAN DUC, chef du Clan des DEO de LAI CHÂU depuis 2008, résume avec pudeur l'épopée de cette famille TAÏE exilée, fuyant au siècle dernier le Nord-Ouest du Vietnam.

Les ancêtres DEO VÂN SENG ou CAM SENG, DEO VÂN TRI et DEO VÂN LONG ont vécu chacun 7 vies. Ces Seigneurs de la Rivière noire ont écrit une épopée formidable aux confins de ce Tonkin qui faisait rêver missionnaires et explorateurs. Qu'on se représente ces êtres de chair et de sang, obligés chaque jour de surmonter un environnement hostile, tenus parfois à s'allier avec le Diable lui-même pour survivre et en fin de compte ont obligé la France, une des plus grandes Puissances coloniales, à composer avec eux "les boueux". Ils ne sont nés ni dans la pourpre ni dans l'or, mais, hommes d'honneur ils n'ont jamais renié leur parole et trahi la France, allant jusqu'au bout de leurs sacrifices. 

Toute sa famille menacée de mort par le Viêt Minh DEO VAN LONG le dernier Seigneur de LAI CHÂU dut rassembler femmes, filles, belles-filles et petits-enfants pour s'exiler en France. Laissant tous ses fils se battre et mourir à Diên Biên Phu. Il s'éteint à Toulouse en 1975. De sa première épouse, Madame LO THI THINH, le Seigneur DEO VAN LONG a 8 enfants. Nous avons déjà consacré une page à sa fille aînée    La "Princesse" DEO NANG TOI de Beauvallon 

 

Voici son fils aîné le Seigneur DEO VAN TAI, né en 1916 à LAI CHÂU et assassiné à DIÊN BIÊN PHU en 1954. Ici aux côtés de son épouse Mademoiselle  NGUYÊN THI THAI née en 1921 à THAI NGUYÊN  et morte à MARSEILLE en 2011." Pour la photo de mes parents, comme il n'existait pas d'eux ensemble, j'ai fait faire une photo montage puis colorisée car à l'époque c'était du noir et blanc !

La présence de mon père dans la Pagode est une volonté personnelle (envers et contre tout) car étant mort sur le champ de bataille, pas de cendres, pas de sépulture ! Juste un nom de plus sur un monument dédié aux morts de la "Guerre d'Indochine" ! Je voulais donc réunir ma mère (après 57 ans de veuvage) et mon père qui, chose rare au pays, se sont mariés par amour et lui donner enfin une sépulture !

Ceci dit et pour toutes contestations passées et à venir ! "  S.Exc. Philip DEO VAN DUC . Mail du 24 Juin 2015

 

Du Seigneur DEO VAN TAI, on peut dire qu'il a été assassiné par l'ennemi et qu'il est mort en martyr.

En 1975, la deuxième vague de réfugiés confirme qu'il a été dépecé vivant sur la place publique à titre d'exemple, comme "traître à la Patrie". Avant de l'exécuter les vainqueurs de Diên Biên Phu ont demandé à la foule de venir lui dire "son fait" et de lui cracher dessus. Personne n'a bougé et Dieu sait combien le peuple est versatile ! DEO VAN TAI était surnommé "LE BIEN-AIME SEIGNEUR". Les nombreux rapports militaires précisent que "chaque morceau de sa dépouille a été ensuite fusillé selon les rituels réservés aux chefs autochtones".

Il laisse une épouse aimante qui continue de l'attendre 57 années durant, élevant leurs 5 filles et unique fils.

Elle aussi, c'est une héroïne. Toute menue, frêle mais d'une énergie incroyable elle a suivi dans son exil le Patriarche son beau-père et ses belles-soeurs pas toujours bienveillantes à son égard, elle la chétive petite vietnamienne venue d'ailleurs, épousée par amour.

Stoïque elle a veillé jusqu'au bout, sur sa progéniture :

1/ DEO NANG CAO Geneviève  1942       

2/ DEO NANG KIÊN Micheline  1944 

3/ DEO NANG LÊ Claudine       1947      

4/ DEO NANG DÔ Colette         1950     

5/ DEO NANG DIÊP Denise      1951        

6/ DEO VÂN DUC Philip       1953       

 

 Autour du Patriarche DEO VÂN LONG ils étaient une cinquantaine de femmes et enfants à trouver refuge dans une grande propriété à Toulouse et tous ont essayé de survivre à la tragédie, comme ils ont pu.

Au bout de 2 ans Madame DEO VAN TAI a obtenu du Patriarche l'autorisation de s'installer à Marseille comme "gardienne" à Campagne Beauvallon, dans la maison du gendre, Monsieur Bordier, alors en poste à Madagascar...

Grâce à l'aide d'un cousin vietnamien elle a ouvert en 1968 un restaurant Place du Général de Gaulle, "Le HONG KONG", entre la Bourse et la rue Paradis où habite toujours son "petit dernier", le seigneur DEO VAN DUC. Ses talents de cordon bleu, l'aide de sa fille Micheline et de son fils Philip à l'accueil et en salle, lui ont permis de retenir une fidèle clientèle pendant un quart de siècle, jusqu'en 1992, où elle a pris sa retraite.

Cette mère Courage s'est éteinte doucement à 90 ans, dans sa maison pleine de nostalgie et de poésie, au pied des collines de la Panouse, et d'où on voit la mer et, par beau temps, au loin les îles du Frioul.

 

De ce temps là Micheline DEO NANG KIÊN se souvient comme si c'était hier. Elle avait 10 ans en 1954. Aujourd'hui, en 2015, 71 ans. Elle est, avec son jeune frère, Philip DEO VÂN DUC, Chef du Clan, un peu la gardienne de la Mémoire des 6 décades passées. Mais pour le passé lointain comme disait Son Excellence DEO VÂN DUC, nos parents ne nous avaient jamais rien dit.

Normal. Après avoir vécu un tel traumatisme, avoir tout quitté, avoir vu les hommes de la famille disparaitre dans les poussières d'un Empire colonial à jamais perdu, quelle mère, quelle tante, quel oncle voudrait évoquer ce passé tragique devant les "petits" ? En général on ne demande que l'oubli, on veut tout effacer pour écrire, recommencer une autre page sans peur, sans appréhension et surtout sans histoires. On ne peut imaginer la force qu'il a fallu à toutes ces mères, veuves, pour pouvoir survivre et vivre après avoir tout perdu. C'est peut-être en faisant table rase du passé qu'elles ont trouvé en elles la force de croire en la Vie et de transmettre à leurs enfants orphelins l'Honneur de vivre.

Même s'ils n'ont pu faire reculer l'Histoire, les DEO de LAI CHÂU, qu'on le veuille ou non, font partie de l'Histoire du Tonkin. La génération présente - qui expérimente l'ère du métissage cher à Claude Lévi-Strauss - doit connaître ses véritables racines et ne point permettre à un quelconque imposteur de s'en servir, et de s'approprier, en définitive, leur destin. Cette nouvelle génération qui traverse en paix la Vie de tous les jours avec ses joies, ses peines, ses tourments, ses amours, ses passions, n'a pas le droit de laisser falsifier en bien ou en mal l'Histoire, leur Histoire à eux mais aussi notre Histoire à nous tous, Vietnamiens.

 

                                                             

                                                              UN BREF RAPPEL DU TEMPS QUI S'ENFUIT

 

LE PAYS TAI, AUX CONFINS DU TONKIN, PAR DELA LES MONTS, LES RIVIERES ET LES RIZIERES..

 

1/ DEO VAN SENG.

Il existe ni portrait ni photo du Père Fondateur. Le 7 Avril 1890 DEO VAN TRI accompagne A. PAVIE pour lui présenter son père qui réside à MONG TZE . Un membre de la Mission écrit :

" Assis sur son lit de bambous, le coude replié sur un coussin, nous avons devant nous un de ces beaux types de vieux mandarin comme il n'est pas rare d'en rencontrer au Tonkin mais dont le type tout à fait annamite nous surprend étant donné le caractère à moitié thaï à moitié chinois des physionomies de ses fils. Il porte des vêtements sombres et garde dans toute son attitude cette immobilité et cette dignité qui caractérisent si bien les mandarins. Sa longue barbiche blanche et peu fournie complète le personnage. Il ne manque pas d'ailleurs d'observer combien la barbe de M. Pavie est longue et la mienne fournie."  Je viens de réaliser que ce portrait correspond trait pour trait au Seigneur DEO VAN DUC Philip, Chef actuel du Clan et arrière-arrière petit-fils de DEO VAN SENG !

 

A lire absolument    LA RIVIERE NOIRE de Philippe LE FAILLER  CNRS Editions    

                                   DEO FAMILY of LAICHÂU   Conférence de Philippe LE FAILLER  EFEO  

                                 ANOM : ARCHIVES NATIONALES d'OUTRE MER

                                 Auguste PAVIE : l'explorateur aux pieds nus.       

 

L'ancêtre DEO VAN SENG ou CAM SENG a "troqué son nom", dit l' Histoire. Et alors ?

Moi-même j'ai troqué le mien pour échapper à la malédiction des Empereurs et Princes annamites emmurés vivants, assassinés, ou déportés dans les îles ou bagne par l'administration coloniale française, pour échapper au sort de milliers de princesses "Cong Tang Tôn Nu quelque chose" de la Cité Interdite de Huê et dont 90% sont des bâtardes ignares, atrabilaires, plus pauvres que Job mais pleines de morgue et de suffisance.

Avec les prières des bonzes et une bonne enveloppe à l'état-civil ma tante mariée à un TRAN, m'a adoptée et, pour avoir la ration de lait, m'a rajeunie de 2 ans : de Tigre '38 je suis devenue Dragon '40 et 16 années durant jusqu'à mes 18 ans on n'a pas arrêté d'arroser les Dieux et les Bonzes pour avoir la paix....

En 1920 la famille du Président Giscard a relevé le nom d'une quadrisaïeule Lucie-Madeleine d'Estaing (1769-1897) et a acheté, 8 décades plus tard, en 2005, le château d'Estaing. situé dans l'un des plus beaux village de France, le Village d'Estaing. La boucle est bouclée pour les Giscard d'Estaing.

On peut citer encore les dizaines de familles catholiques, aristocratiques, portant les plus grands noms de France et alliées des grandes fortunes juives pour redorer leur blason. On dit de leurs rejetons qu'ils ont le nez "bourbonien des Bourbon" descendants du Roi-Soleil, alors que le pif du cousin juif, qui a pourtant le même profil, est appelé ...? ?....devinez !