MARIAGE LE 5 DECEMBRE 1963
C'était dans la capitale du nord, Luang Prabang la Royale et Mystique, que Son Altesse le Prince Mangkra unissait pour toujours son destin à Son Altesse Royale la Princesse Ouanna, fille de Son Altesse Royale le Prince Souphantharangsi, frère cadet du Roi et Ambassadeur du Royaume auprès des Cours européennes. La poétique demeure que le Prince Souphantharangsi avait fait bâtir selon ses plans, au milieu d'un immense jardin agrémenté d'un plan d'eau, accueillait 250 parents et proches, sous les dais et tentes multicolores garnis de buffets regorgeant de victuailles de midi à 2h du matin lorsqu'un violent orage s'est abattu brutalement sur la capitale.
Leurs Majestés le Roi et la Reine avaient regagné le Palais après la cérémonie et c'était sous la présidence du Prince héritier que les festivités s'étaient poursuivies.
Une semaine après, à Vientiane la capitale administrative, ce fut une grande réception de près de mille personnes reçues fastueusement dans les jardins de la Résidence du Prince-Premier Ministre Souvanna Phouma. S'y pressaient le Corps diplomatique, le Gouvernement, les fonctionnaires, les commerçants...
" Après ? je ne sais plus...je crois que quelque temps après ces interminables réjouissances, fourbus, nous avons rejoint directement l'Ambassade à Londres où nous attendaient les nombreux frères et soeurs de Ouanna..." m'écrit le Prince Mangkra. L'épouse de Son Altesse Royale le prince Souphantharangsi, Ambassadeur à Londres, lui avait donné 15 enfants, 10 filles dont la princesse Ouanna et 5 fils.
Sur les photos qui suivent on voit la demeure des Princes Souphantharangsi transformée en " Sanctuary Hôtel", doté de
nombreuses bâtisses construites après la déportation du Prince avec la famille Royale dès mars 1977. Par quel subterfuge ce bien spolié a-t-il été vendu au groupe hôtelier ? On a banni le nom du
Prince Souphantharangsi alors que le nom du prince rouge Souphanouvong est constamment évoqué pour la pub de sa Villa et autres bâtiments,
A l'origine il n'y avait que la bâtisse centrale sobre et discrète que Son Altesse Royale le Prince a fait bâtir d'après ses propres plans ; le rez-de-chaussée était en dur et l'étage, entièrement en bois de teck.
".......il n'y avait qu'une grande maison avec 4 chambres et 4 salles de bains au 1er, un grand living, la salle à manger avec une table pour une vingtaine de places, et un salon avec un grand divan qui prenait toute la largeur, là où se tenaient leurs majestés pour la cérémonie et 4 ou 6 fauteuils taillés dans du bois de teck dans le style local. Les cuisines, comme de coutume, étaient à l'extérieur ainsi que le logement du personnel " m'écrit le prince Mangkra.
Officier-pilote de la Royal Lao Air Force (RLAF), diplômé de l'Ecole Supérieure de Guerre Aérienne (ESGA) et Officier d'Etat-Major polyvalent du Cours Supérieur Interarmes de l'Ecole Militaire de Paris, le Prince Mangkra SOUVANNA PHOUMA, neveu du dernier souverain laotien, a présenté une thèse de fin d'études (1972) intitulée : " DE LA GUERRE à LA PAIX " ou " L'AVENIR D'UNE ARMEE DANS UN LAOS RESOLUMENT NEUTRE ".
De par ses fonctions auprès du Premier Ministre son père (1901+1994), du Ministre de la Défense nationale le Prince Sisouk NA CHAMPASSAK (1928+1985) et à l'Etat-Major général, le Prince Mangkra Souvanna Phouma est un observateur privilégié de la période dramatique dans l'histoire du Laos qui vit la monarchie, vieille de sept siècles, disparaitre le 2 Décembre 1975 au profit du régime communiste.
En Mars 1977, le Roi, la Reine, le Prince héritier ainsi que tous les princes détenus dans la capitale royale Luang Prabang sont déportés dans l'indifférence des monarchies asiatiques et européennes ainsi que des Etats signataires des accords de Genève en 1962.
Plus de 30.000 prisonniers politiques sont envoyés dans des camps "samanâs", véritables goulags créés par les Lao-Viets : la plupart n'en reviendront pas.
"AUTOPSIE D'UNE MONARCHIE ASSASSINEE". L'Harmattan
Lire Pages Fa Ngum E.B.2558 Ozoir-la-Ferrière terre d'accueil
Luang Prabang Royale et mystique
Il y a 40 ans aussi, dans la nuit du 7 au 8 décembre 1975, le Prince Mangkra et la Princesse Ouanna ont pu s'enfuir de Vientiane en remontant le Mékong sur une pirogue à moteur avec leurs 4 jeunes enfants. Sains et saufs sous la protection de TIAO PHAGNA NÂK que la Princesse implorait de ses prières, ils ont regagné
les rives de la Thaïlande puis la France pour un exil définitif.
LA FAMILLE ROYALE TETANISEE SE MURA DANS LE SILENCE.
SEUL CONTRE TOUS, BRAVANT L'INTERDIT ET SON PERE -- L'ANCIEN PREMIER MINISTRE TOUJOURS à VIENTIANE -- LE PRINCE MANGKRA SOUVANNA PHOUMA ESSAYA DE FAIRE ENTENDRE SA VOIX.
SON PREMIER LIVRE "L'AGONIE DU LAOS" REVEILLA LA CONSCIENCE DES INTELLECTUELS ET OBTINT UN ENORME SUCCES. MAIS LE VIEUX PRINCE SON PERE A TOUJOURS REFUSE
DE LE LIRE.
LUANG PRABANG. NOVEMBRE 1974 : UNE RETRAITE BOUDDHIQUE.
Avant de fuir son pays le Prince Mangkra effectue, début Novembre 1974, une retraite dans la "Pagode de la Forêt", surmontée d'un dôme en 1988 et appelée
de nos jours "Pagode de la Paix" - Wat PHON PHAO ou SANTI CHEDI - . Le Vénérable AJAHN SAISAMUT y enseigna et ses funérailles en 1992 furent grandioses.
Le Prince quitte donc pour 15 jours, son épouse, ses enfants, abandonne tous ses biens, se fait raser la tête et les sourcils et reçoit la robe safran des bonzes dans cette paisible Pagode où il apprendra :
" .......que la vie n'est que douleur, que rien ne nous appartient, que cette existence n'est qu'une parmi mille autres, que ce que nous récoltons à présent n'est que le fruit de nos existences passées, que la mort est imprévisible et que notre salut ne dépend que de nous.....". (page 112. Autopsie d'une monarchie assassinée).
Pendant ces deux semaines de retraite, entre prières et méditations, chaque jour, dans la brume de l'aube, comme ses frères, le Prince va tendre sa sébille et quémander sa pitance auprès des tisserands du village de Ban Phanom.
On comprend mieux la Force et la Foi inébranlable du Prince lorsqu'il fallut quitter, l'année suivante, sa terre natale et affronter des jours plus que difficiles dans son exil.